La Raison du Plus Faible

 

Un film de Lucas Belvaux

 

Avec Lucas Belvaux, Eric Caravaca, Natacha Régnier, Patrick Descamps, Claude Semal, Gilbert Melki

 

Lucas Belvaux continue son parcours atypique dans le cinéma. Après sa trilogie Un couple épatant / Cavale / Après la vie, il filme cette fois-ci la ville de Liège, qui comme beaucoup de villes du Nord de la France, a vu son tissu industriel s’effondrer avec l’avènement toujours actuel du capitalisme industriel à outrance.

 

C’est dans ce contexte social déprimant, dévasté, que vivent Patrick et Carole, sa femme, et leur fils Steve. Autour d’eux, Jean-Pierre et Robert, chômeurs et bientôt Marc, ex-taulard, travaillant dans une entreprise d’embouteillage.

 

Patrick, diplômé, cultivé, est pourtant sans emploi, sans espoir, sans avenir. Sa femme Carole travaille pour essayer de faire vivre le couple et leur fils. C’est alors que Jean-Pierre, Robert et Marc décident de commettre un hold-up dans l’ancienne usine d’aciérie, qui se démantèle sous leurs yeux.

 

A la fois déterminé et pieds nickelés, leur motivation est le désespoir de leur situation. Rongés par le chômage, l’alcool, ils ne trouvent pas d’issue, d’espoir à leur situation et se résignent, avec l’aide de Marc à sortir de leur misère en attaquant ceux qui en sont responsables.

 

Lucas Belvaux filme ces hommes avec un regard tendre et compatissant, sans verser dans le pathos. Réaliste, désespéré, La Raison du Plus Faible n’est pourtant pas dénué par moments de lueurs d’espoirs salutaires, comme le sourire de l’enfant de Patrick ou Carole.

 

La Raison du Plus Faible filme une réalité sociale, qu’elle soit belge ou française, qui nous touche.

 

Eric Caravaca est excellent, tout comme Patrick Descamps et Claude Semal. Lucas Belvaux interprète Marc, l’ex-taulard, pourchassé par son passé.

 

La musique de Riccardo del Fra est à la fois discrète et forte, assénant une mélodie répétitive à chaque moment clé du film.

 

La mise en scène est énergique, jamais endormie malgré le contexte. Belvaux filme avec respect des hommes, sans porter de jugement manichéen sur les actions, sur leurs jugements.

 

Drame, policier, comédie, La Raison du Plus Faible mélange les genres avec subtilité et tendresse, preuve s’il en est de la maîtrise du cinéma de Belvaux.

 

A ne pas manquer au cinéma.

 

Arnaud Meunier

23/07/2006